L’hymne à la « bambine »
Réveille-toi et sors de la caverne bamboula
Ouvre tes yeux clos restés fermés sans éclat
Bamboula quels sont tes faits d’armes ?
Toi qui causes sans arrêt pleures et larmes.
Piètre griot, beau-parleur, klébé-laudateur
Au nom de la bambine éternelle face aux cieux
A elle, la bambine, le Dahomey dut sa grandeur
A toi, bamboula, il dut, doit encore sa perte et son état crasseux
Les seins cambrés, les tétons durs comme l’acier
Les armes à la main, utilisant leurs poitrines comme bouclier
Le torse bombé de fierté, de rage et d’amour pour la terre mère
Tata Adjatchè Sukpo, « une bambine », terrorisa l’ennemi et rendit le Dahomey fier
Réveille-toi et sors de la caverne Bamboula.
Ouvre tes yeux clos restés fermés sans éclat.
Bamboula quels sont tes faits d’armes ?
Toi qui causes sans arrêt pleures et larmes
J’implore la force de ma mère, aussi une bambine ?
Oh, comme l’Afrique était prospère et protégée par ses bambines
Les amazones, nos minons, de leur sang arrosèrent les plantes de la résistance
Qu’as-tu fait ? bamboula ? Tué Ghézo, dans le dos, trahi Kondo, vendu à la France ?
Par la terre rouge de nos ancêtres, écoute la voix de Candace
Rome, le rapace, trembla et recula sous son fer, sa détermination, son audace
Son courage subjugua l’armée de César, son corps fut l’agneau de l’offrande
Pour défendre l’Afrique, l’intégrité de notre terre sacrée, et sans prébende
Réveille-toi et sors de la caverne Bamboula.
Ouvre tes yeux clos restés fermés sans éclat
Bamboula quels sont tes faits d’armes ?
Toi qui causes sans arrêt pleures et larmes
Ô Yaa Nana Assantéwa, pardonne mon intrusion lyrique
Alors que tous les hommes, au son des canons britanniques
Se réfugièrent sous les jupes des bambines, toute honte bue
Vénérée mère, tu crias haro sur l’infâme, combattis avec hargne le pus
J’entends encore les flammes ravageant le corps martyrisé de Kimpa Mvita
Kimpa Mvita, le regard ferme, le Kongo étreint avec volupté
Chantonna le chant de la liberté, l’hymne à l’humanité
L’hymne, telle une onde au-dessus de la forêt de Moabi, se diffracta
Bamboula, des bambines, je t’en citerai toute une éternité
De légendaires, telles Harriet Tubman, Efunroye Tinubu, Nzinga
D’ordinaires, braves paysannes, commerçantes, mères au foyer, fonctionnaires et employées
Elles portent l’Afrique sur leur dos, et chaque jour avec encore plus de fierté
Alors bamboula, tais-toi!